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Pratique / développement des APS

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3 avril 2025

Running. Quand les départs de courses à pied tournent au chaos…

Avec la démocratisation de la course à pied, qui séduit plus de 12 millions de Français selon l’Observatoire du Running 2024, le nombre d’inscrits aux épreuves explose en France mais aussi dans le monde. De quoi faire naître des situations de chaos lors de certains départs, comme récemment lors du 10 km de Lille du dimanche 16 mars. En ligne de mire, la pression du chronomètre qui change l’état d’esprit des participants.

 

Victime de son succès. Depuis la pandémie de Covid-19, la course à pied est devenue le sport à la mode en France. Avec 12,4 millions de coureurs en 2024 selon l’Observatoire du Running, soit 25 % de la population française, la pratique ne cesse de se démocratiser. Huit millions de Français courent régulièrement, soit au moins une fois par semaine. Une pratique qui plus est complètement paritaire, avec 49 % de femmes.

 

Mais ce récent succès serait-il à double tranchant ? En effet, qui dit pratique à la mode dit forcément explosion du nombre d’inscriptions aux courses. Ces dernières années, nombreux sont les évènements ayant été victimes de leur succès, avec des campagnes d’inscription prises d’assaut qui ont engendré de la frustration chez les coureurs n’étant pas parvenus à récupérer un dossard. Mais l’explosion des demandes engendre d’autres problématiques, notamment lors des départs.

 

« S’ils doivent piétiner des gens au passage, ils le feront sans hésiter »

Dernier exemple en date ? Le 10 kilomètres de Lille, ce dimanche 16 mars. Si 10 000 participants étaient inscrits sur le semi-marathon nordiste, ils étaient au total 18 000 alignés si l’on ajoute les courses du 10 km (6 000 inscrits) et du 5 km (2 000 inscrits). De quoi faire naître une situation de chaos au départ du 10 km, avec des chutes et des participants piétinés. Ça a notamment été le cas d’Emma Lombardi (24 ans), quatrième des derniers Jeux olympiques de Paris 2024, tombée puis piétinée sur la ligne de départ et qui s’est exprimée sur son compte Instagram : « Au moment du départ, cela n’a pas loupé. Tout le monde a joué des coudes pour passer et je me suis retrouvée au sol au bout de deux secondes. Je me suis fait piétiner, écraser…»

 

Une chute que n’a pas pu éviter Laëtitia Bleunven, athlète brestoise qui n’a pas pu éviter Emma Lombardi, comme elle l’a expliqué au Télégramme . « J’ai essayé de l’éviter, mais c’était impossible, ça poussait trop, regrette la Brestoise. Pendant 30 secondes, je n’ai pas pu me relever, on se faisait piétiner, des gens criaient de partout. » La faute à des sas surpeuplés mais aussi à la pression du chrono. À Lille, plusieurs coureuses visaient les minima pour les championnats de France du 10 km (32’30”) et étaient prêtes à tout pour se qualifier.

 

« Les gens ne se posent pas la question d’essayer de vous aider à vous relever, ils ont leur chrono à faire. Donc s’ils doivent piétiner des gens au passage, ce n’est pas grave, ils le feront sans hésiter, dénonce Emma Lombardi. Honnêtement, j’ai cru que j’allais jamais me relever, je voyais tous les gens qui me passaient dessus… »

 

La pression néfaste du chronomètre

Des images que ne sont malheureusement pas rares dans le milieu du running. Le 18 décembre 2022, c’est le 10 km de la Corrida de Houilles, épreuve internationale connue pour être l’un des parcours les plus rapides de France, qui était marqué par un départ chaotique pour sa 50e édition. Et pour cause. À l’époque, un petit arbre situé en plein milieu de la route, juste après la ligne de départ, obligeait les coureurs à faire un écart. Pire, quelques mètres plus loin, les participants étaient de nouveau obligés de s’écarter pour éviter un petit groupe de photographes placés au milieu de la chaussée. Le tout sous la pression du chronomètre, ce qui avait entraîné la chute et le piétinement de nombreux concurrents.

 

Trois semaines plus tard, c’était au tour du 10 km de Valence, 12 000 participants, d’être le théâtre d’un départ catastrophique. Présente sur la ligne de départ et elle-même prise dans une chute, Alice Finot, championne d’Europe 2024 du 3 000 m steeple, avait raconté sa mésaventure. « J’ai vu plein de filles brûlées comme après une chute à vélo, elles ont été écrasées au sol. » Une situation dangereuse causée par une très mauvaise gestion des flux de la part de l’organisation. « Ils ont libéré le sas des amateurs trop tôt, les gens se sont précipités vers la ligne. La sécurité s’est mise devant eux pour laisser de la place aux élites devant, mais au départ, ça a explosé, racontait celle qui a pris la 4e place aux Jeux olympiques de Paris. Il y a eu une vague, ça tombait, ça tombait, ça tombait. Les gens viennent chercher un chrono, il n’y a plus de respect… »

 

Le risque du toujours plus ?

Problème, la tendance ne semble pas être au frein du nombre d’engagés. Après avoir battu son record de participants cette année (18 000 personnes), la Ligue Hauts-de-France d’Athlétisme et la ville de Lille ont déjà annoncé augmenter la jauge à 25 000 dossards, avec l’ajout d’une distance supplémentaire : un Marathon. Des milliers de coureurs en plus qui peuvent poser question quand on repense au chaos du départ cette année. Mais face à un nombre de demandes toujours plus élevé pour chaque épreuve, quelle décision prendre pour tenter de limiter les risques de chutes au départ ?

 

Dans un premier temps, limiter le nombre de dossards pour chaque course semble être la mesure la plus faisable. Problème, cela viendrait à frustrer des centaines d’athlètes lors des campagnes d’inscriptions. De son côté, le directeur de course de Belle Île en trail a opté pour le tirage au sort. « Je pense que ça donne une chance à tout le monde, et ça enlève le stress de la manipulation de l’inscription, expliquait Claude Le Borgne en février dernier. On a des mécontents, évidemment, ça ne fait jamais plaisir. Après, quand tu fais le point de la façon la plus objective qu’il soit, tu te rends compte que c’est une, deux ou trois personnes qui râlent haut et fort sur 15 000 demandes. »

 

Reste aussi la bourse de revente, qui reste la manière la plus courante de faire pour les directeurs de course, avec des acheteurs pouvant revendre leur dossard en cas d’absence. Problème, là encore, l’organisation est dépendante du nombre de « no show », soit les coureurs ayant acheté un dossard mais qui ne se présentent pas le jour de la course. Ainsi, difficile de déterminer précisément le nombre de participants le Jour-J. Et donc, d’établir des sas adéquats pour assurer un départ convenable et éviter les risques de chutes.

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