Quand les piscines municipales annonçaient leur fermeture, c’était jusqu’à présent temporaire : pour une petite remise en état, nettoyage des bouches de ventilation et vidange des bassins… « Tirer chasse et expédier la marée de ce petit océan urbain vers les oubliettes de leur commodité » comme le fait le personnage de Jean-Paul Dubois dans Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon.

Mais de plus en plus, les nageurs trouvent portes closes le matin et craignent de ne jamais les voir rouvrir. « Fermeture définitive » leur a-t-on annoncé… à Hendaye, St Etienne, Granville, Nîmes, et dans de plus petites communes comme Descartes en Indre-et-Loire.

Comme tout service public, les piscines municipales font face à une baisse des moyens et un manque d’effectifs. Certaines sont désormais gérées par des opérateurs privés en délégation de service public. Mais alors sont-elles toujours ce lieu d’exercice physique et de brassage social ?

Entre brassage social et service public onéreux

Pour Clara du compte Instagram « Nageuse parisienne », qui fréquente les bassins quotidiennement, l’ouverture des bassins le matin est « très ritualisée et ressemble presque à une messe. Les nageurs se saluent silencieusement devant la piscine, ils ne se connaissent très bien même sans se parler. C’est propre à cette micro-sociabilité de la piscine ».

Comme le rappelle l’historien Emmanuel Auvray, la piscine municipale a été pensée au début de la Troisième République pour « rendre obligatoire la gymnastique scolaire, y compris la natation, comme étant une plus-value pour l’hygiène des enfants et une assurance sur leur vie. La première piscine chauffée apparaît ainsi à Paris au XIXe siècle, celle de Château-Landon ». Mais le modèle des piscines apparaît aujourd’hui vieillissant et énergivore. Pour Emmanuel Auvray : « les fluides, le chauffage, l’eau et le traitement sont les dépenses les plus onéreuses. En moyenne le prix d’une entrée de piscine couvre 30% de ces dépenses. Ainsi, lorsque les piscines sont gérées par des municipalités avec la crise énergétique et l’augmentation des coûts, certaines communes ne peuvent plus supporter cette augmentation ».

Face au questionnement autour du financement des piscines publiques, la sociologue Cornelia Hummel répond : « une piscine n’a pas à être rentable. Cela devrait être une forme de service public car elle remplit une multitude de fonctions : fonction sportive, fonction de santé et la dimension sociale. Il faut le penser comme un service que l’on offre à la population, y compris sur un mode récréatif. Tout cela est précieux ».

Emission à écouter en cliquant sur le lien suivant : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-invite-e-des-matins-d-ete/precieuses-piscines-municipales-1619265?fbclid=IwAR23DgiWT2GVq9OVZDLDP2B9lrD56Qq4to_w5dhCQHf_3ii9w4BSd5A_SIo