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Politique publique sportive

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13 février 2025

Les directions des sports se posent la question de leur identité

Autrefois centrées sur la gestion des équipements sportifs, les directions des sports des collectivités se caractérisent aujourd’hui par une transversalité à tout crin, au carrefour de nombreuses politiques publiques. Au risque de perdre leur identité ? Le sujet a été récemment mis sur la table lors des Rencontres du sport du Centre national de la fonction publique territoriale.

 

Sport bien sûr mais aussi santé, éducation, insertion sociale et professionnelle, développement économique… La transversalité des services des sports des collectivités, qui a émergé dans les années 1990, aurait atteint un tel stade que l’avenir même de ces services directions s’en trouve aujourd’hui interrogé !

Le sociologue et maître de conférences Dominique Charrier (université Paris-Saclay) y voit « deux façons de considérer la chose : l’une optimiste, si l’on considère que le fait de parler sport dans de nombreux services tend à renforcer les politiques sportives locales. Et l’autre, pessimiste, avec un risque de dilution de cette politique dans d’autres secteurs et, au final, un service public du sport qui pourrait être partout et nulle part » !

Cette réflexion prospective a fait l’objet d’une table ronde – au titre accrocheur : « Quel avenir pour le service public du sport? » – organisée lors des Rencontres du sport du Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT), en novembre dernier, à Pantin (Seine-Saint-Denis).

 Le directeur des sports est devenu un « chef d’orchestre » 

Ancien directeur des sports d’Argenteuil (Val-d’Oise) et aujourd’hui directeur général adjoint de la cohésion sociale à la communauté d’agglomération de Val-Parisis (quinze communes, Val-d’Oise), Luc Puisais-Hee resitue l’évolution du rôle de directeur des sports.

« Il y a une quarantaine d’années, il était centré sur la gestion d’équipements, rappelle celui qui est également administrateur de l’Association nationale des directeurs et des intervenants d’installations et des services des sports (Andiiss). Puis, avec notamment la mise en place de la filière sport, il a évolué en plus vers des missions d’accompagnant, d’encadrant d’éducateurs sportifs avec donc un volet pédagogique. Et depuis une dizaine d’années, nous sommes sur un rôle de chef d’orchestre d’une politique publique plus transverse. »

« Aujourd’hui, le sport est effectivement dilué dans différentes politiques publiques du territoire », enchaîne Xavier Fabre, directeur des sports de la ville de Villeurbanne (Rhône) et également membre de l’Andiiss. Et d’illustrer : « Longtemps, notre service a porté les politiques à la fois centrées sur la santé ou l’éducation à travers par exemple l’animation scolaire, périscolaire ou extrascolaire. »

Si aujourd’hui, les services d’urbanisme le sollicitent également dans le cadre de la transformation d’un quartier, le technicien constate que « les actions qui étaient juste portées par nous sont intégrées aujourd’hui dans d’autres politiques publiques ».

A l’image du sport santé, dans le contrat local de santé, ou de l’éducation, dans le projet éducatif territorial (PEDT) ou dans les cités éducatives. Avec en plus la question des financements associés aux différents dispositifs « qui ne reviennent pas forcément dans l’escarcelle du sport… », synthétise le Villeurbannais.

 La concurrence s’est accrue, il faut « être offensif»

Luc Puisais-Hee ajoute que le champ est « devenu extrêmement concurrentiel pour les directeurs des sports ». En termes de pratique avec l’émergence des pratiques autonomes mais aussi du secteur privé, sur le plan territorial, « pour aller capter des cofinancements, organiser des manifestations ». Et même « en intra », poursuit-il, « où il faut défendre nos budgets, les ETP dont on dispose, dans un contexte de plus en plus contraint. Cela oblige les directeurs des sports à s’inscrire dans une démarche plus offensive, à être compétitif sur le plan de la communication ».

 Xavier Fabre préconise que les services des sports prennent la vague « des différents dispositifs de concertation et autres budgets participatifs. Qu’ils s’y intègrent ». Histoire à la fois de continuer à suivre le fil de la transversalité, tout en veillant à ne pas perdre leur identité.

 

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