Sport de haut-niveau
Le Tour de France femmes entre par la grande porte
La renaissance d’un Tour de France cycliste féminin, en 2022, sera marquée par la volonté de donner à cette épreuve le même retentissement sportif et médiatique qu’à la course des hommes. Pour les collectivités, il s’agit d’une opportunité supplémentaire de valoriser et d’animer leur territoire.
Avec l’annonce, le 14 octobre dernier, du parcours du Tour de France femmes, la renaissance de l’épreuve-phare du cyclisme mondial féminin, déjà disputée entre 1984 et 1989, a pris une tournure très concrète. Et beaucoup de collectivités territoriales rêvent déjà de voir briller au dessus de leur tête cette nouvelle étoile dans la galaxie des grands évènements sportifs internationaux. « Nous avons reçu ces dernières années des candidatures informelles de collectivités souhaitant accueillir spécifiquement cette nouvelle épreuve, commente Thomas Cariou, chargé des relations avec les collectivités pour le Tour de France femmes et le Tour de France chez Amaury sport organisation (ASO). Durant les Tours 2019 et 2020, des élus ont profité des temps protocolaires pour se déclarer candidats à l’accueil du Tour de France femmes. Ce fut le cas de pratiquement un élu sur deux en 2020. Il y a un souhait d’égalité et de sport au féminin chez les élus. »
Malgré cet enthousiasme, l’organisateur a dû changer ses habitudes. Le format de la course, qui se disputera sur huit étapes du 24 au 31 juillet 2022, a en effet conduit à imaginer un parcours en forme de trait d’union entre Paris et le sommet de la Super Planche des Belles Filles, située sur la commune de Plancher-les-Mines (Haute-Saône). Ce choix sportif et géographique, résolument tourné vers l’Est, ne recoupait pas forcément les candidatures déclarées des collectivités. « Christian Prudhomme, le directeur du Tour de France, a davantage pris son téléphone pour solliciter des élus, alors qu’il ne le fait pratiquement jamais sur le Tour de France, confie Thomas Cariou. Il y a eu plus de démarches d’ASO vers les collectivités. L’idée était de communiquer sur cette nouvelle opportunité qui se présentait à elles. »
« Redynamiser notre territoire un peu isolé »
Cette opportunité, la petite commune de Bar-sur-Aube (Aube, 4.844 habitants) l’a saisie au vol. Régis Renard, adjoint au maire chargé des sports, raconte : « Il y a quelques années, nous avions fait part de notre désir d’accueillir un jour une étape du Tour de France. Nous n’avons pas eu de nouvelles jusqu’en 2019, où nous avons été sollicités pour accueillir une étape du Tour de l’Avenir 2021. » C’est ainsi que le 18 août dernier, peu après l’arrivée d’étape de cette course réservée aux moins de 23 ans et coorganisée par ASO, les élus de Bar-sur-Aube voient débarquer Christian Prudhomme. Le directeur du Tour de France leur avoue alors qu’il est en repérage pour une éventuelle arrivée du Tour de France femmes. La perche est lancée. « Nous avons dit oui, évidemment. Notre envie était d’accueillir une étape un jour, de participer à cette grande fête », s’emballe Régis Renard.
Quelle motivation peut avoir une petite commune à recevoir cette épreuve toute nouvelle ? À en croire Régis Renard, c’est la même que pour le Tour de France : « Cela ouvre des perspectives pour redynamiser notre territoire qui est un peu isolé. Cela nous permet de nous faire connaître et, éventuellement, d’attirer de nouvelles populations, développer notre image de marque. Nous allons bénéficier d’une médiatisation sur toute l’Europe, voire le monde, c’est une grande vitrine pour notre région. Tout le monde va vouloir participer à cet événement pour montrer la richesse de notre région, son art de vivre et sa beauté. »
Exposition télévisée
Si l’élu affiche cette confiance, c’est qu’ASO entend mettre le paquet pour offrir une belle visibilité à sa nouvelle épreuve et à ses partenaires. Pas question de se contenter d’une course au rabais. « Il était important de garantir une bonne exposition télévisée, explique Thomas Cariou. Nous avons travaillé avec France Télévisions en amont. Ce que demandaient les coureuses, c’était de la médiatisation et les symboles du Tour. Nous nous sommes donc assurés qu’il y aurait deux heures de diffusion en direct sur chaque étape. » Et la production promet d’être aussi spectaculaire que pour l’épreuve masculine, avec la présence d’hélicoptères pour montrer la France vue du ciel et mettre en avant les territoires.
Sur le plancher des vaches, l’attractivité de l’épreuve sera également renforcée. Des arrivées seront organisées en circuit pour permettre aux spectateurs de voir passer le peloton à plusieurs reprises. Si le cadre sanitaire le permet, les sites de départ seront plus ouverts pour faciliter la proximité entre les coureuses et le public. Le sport féminin sera mis à l’honneur. Et une caravane publicitaire, probablement composée d’une soixantaine de véhicules, meublera l’attente des spectateurs au bord des routes.
Partager les frais
Si la vitrine promet d’être belle pour les communes moyennes ou petites du parcours – à l’exception de Paris et Reims –, une contrepartie est exigée. Pour accueillir un départ, il en coûtera 35.000 euros, et pour une arrivée, 65.000, soit environ la moitié des prix pratiqués pour le Tour de France. Pour payer la note, Bar-sur-Aube compte conclure un partenariat avec le conseil départemental de l’Aube. Son maire a déjà rencontré le président du département pour lui présenter le projet. Objectif : partager la redevance à 50-50. En plus de ce ticket d’entrée, la commune prévoit aussi quelques aménagements et des dépenses d’animation, autour de l’apprentissage du vélo par exemple. La encore, elle espère trouver des partenaires pour amortir les coûts.
La participation des collectivités à cette nouvelle épreuve devrait enfin s’étendre, comme pour le Tour de France, à l’Assemblée des départements de France (ADF). ASO travaille actuellement à élargir son partenariat historique avec l’ADF afin que la communication, la préparation des routes et la sécurité des étapes s’élèvent au même niveau que chez les hommes. Tout a été pensé pour que ce premier Tour de France femmes bénéficie d’un lustre identique à celui de son pendant masculin. « On ne pouvait qu’adhérer », conclut Régis Renard, déjà impatient de voir les coureuses arriver le 27 juillet prochain.
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Le programme du Tour de France femmes 2022
1re étape, dimanche 24 juillet : Paris tour Eiffel > Champs-Élysées, 82 km
2e étape, lundi 25 juillet : Meaux > Provins, 135 km
3e étape, mardi 26 juillet : Reims > Épernay, 133 km
4e étape, mercredi 27 juillet : Troyes > Bar-sur-Aube, 126 km
5e étape, jeudi 28 juillet : Bar-le-Duc > Saint-Dié-des-Vosges, 175 km
6e étape, vendredi 29 juillet : Saint-Dié-des-Vosges > Rosheim, 128 km
7e étape, samedi 30 juillet : Sélestat > Le Markstein, 127 km
8e étape, dimanche 31 juillet : Lure > La Super Planche des Belles Filles, 123 km