Pratique / développement des APS
Le CC Marmande 47 accompagne les femmes isolées vers la pratique du vélo

Le club du Lot-et-Garonne, fort d’une longue histoire dans le cyclisme de compétition, fait aussi œuvre sociale. Son initiative « Les Mamans à Vélo », qui permet à des femmes des quartiers de sortir de l’isolement, lui a valu de remporter l’appel à projet CIC en faveur de la mobilité à vélo.
Être centenaire et toujours jeune, peu y réussissent. Mais, alors qu’il vient d’entrer dans sa 102ème année – et que les temps, eux, ont changé – le CC Marmande 47 est plus dynamique que jamais. Agile, s’adaptant sans renier son histoire aux enjeux de l’époque.
L’histoire de Marmande, c’est le célèbre Prix de la Tomate, une course qui propulsa bon nombre de ses vainqueurs dans les rangs professionnels – rangs que vinrent d’ailleurs directement grossir une vingtaine de sociétaires du club, en tête desquels Armand de Las Cuevas, Pierrick Fédrigo ou son actuel président Anthony Langella !
Le CC Marmande 47 compte aujourd’hui 192 licenciés, répartis sur deux branches, dont la première porte la route, la piste et le cyclo-cross, et la seconde le BMX Race. La commune bénéficie en effet de sa piste bosselée, dont Jean-Marc Rouxel, secrétaire général du club, infatigable chasseur de subventions, aimerait porter la butte de départ à 8 mètres, et la section BMX compte 86 licenciés.
Côté cyclisme traditionnel, l’équipe féminine « Marmande Women Développement » regroupe 11 filles motivées, dont la prometteuse Thaïs Poirier, récemment sélectionnée en Équipe de France. Enfin, quant à l’équipe junior hommes, elle est forte de 13 membres et menée par Alban Picard, meilleur U17 national en 2024.
Pour ce qui concerne l’encadrement, le CC Marmande 47 revendique trois postes salariés. C’est Lilian Langella, titulaire d’un DEJEPS, qui occupe les fonctions d’entraîneur et de DS de l’équipe féminine ; il encadre aussi les activités à visée sociétale.
En revanche, comme beaucoup d’autres clubs, le CC Marmande 47 fait face à une certaine crise de la vie associative, et peine à renouveler ses bataillons de bénévoles. C’est pourquoi l’Office Municipal des Sports a organisé la mise en commun des bonnes volontés, qui se répartissent entre les différentes manifestations sportives.
Mais, ce par quoi le CC Marmande se distingue, c’est par son implication sociétale. « En tant qu’association sportive, nous bénéficions de diverses subventions publiques, et nous avons ce souci de renvoyer l’ascenseur », explique Jean-Marc Rouxel.
Ainsi, quand se présente l’appel à projet lancé par le CIC à destination des clubs, concernant les initiatives favorables à l’essor de la mobilité vélo, les Marmandais réagissent immédiatement, et arguent de leurs ateliers « Les Mamans à Vélo. »
Monsieur Rouxel poursuit : « En 2023, un évènement lié à l’opération Octobre Rose réunissait des femmes d’un quartier difficile de la commune. L’une d’entre elles est venue vers nous pour nous dire qu’elle aimerait bien apprendre à faire du vélo. Nous l’avons prise au mot. »
À Marmande comme ailleurs en France, les choix urbanistiques des années 60 ou 70 pèsent encore lourd, qui ont tenu à l’écart des centres-villes des communautés entières d’habitants.
Dans la région, il s’agissait alors de loger les travailleurs maghrébins venus pour les besoins de l’industrie du tabac, à la faveur de la circulaire Raymond Barre de 1974.
Dans ces quartiers dits « prioritaires » construits en périphérie, les femmes, qui souvent ne conduisent pas, ou les familles n’ayant pas les moyens d’entretenir une voiture, sont particulièrement isolées.
Avec l’aide du CCAS (centre communal d’action sociale), le club a donc pris contact avec ces personnes dont le simple fait de savoir faire du vélo pouvait changer la vie.
C’est ainsi que sont nés les ateliers « Les Mamans à Vélo », généralement organisés en 4 séances, à raison de trois sessions annuelles. Sur un vaste parking fermé, des femmes âgées de 30 à 70 ans apprennent donc, outre les bases du code de la route, à vaincre leur appréhension, et peut-être leurs complexes. Lilian Langella, entraîneur à tout faire et toujours heureux de transmettre, leur enseigne aussi toutes les bonnes raisons d’aller à vélo : la santé, la pollution, la réduction du stress, le fait qu’en ville on va plus vite qu’en auto, etc. Le jeune Alban Picard, mécanicien du club, leur enseigne les rudiments.
« Une fois qu’elles sont à l’aise, qu’elles ont fait des jeux de quilles et de slalom comme à l’école de vélo, on les accompagne dans la circulation, pour une sortie en ville. Puis, lors de la dernière séance, on part en balade pour 15 ou 20km » explique encore le secrétaire général.
L’initiative fait exemple. La Maison du Vélo de Toulouse est venue en visite. Le département du Lot-et-Garonne attribue une subvention pour l’achat de vélos et de VAE destinées aux séances de formation. Quant aux « Mamans », le club récolte et restaure à leur attention les vélos qu’on veut bien lui céder.

Soyons plus performants ensemble !
