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Étude / Point économie, écologie, technique

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9 juillet 2024

Comment faire du sport en bord de mer tout en respectant la faune ?

Par Chloé Sartena, Ouest-France

Char à voile, kayak, randonnée pédestre, kitesurf… Comment pratiquer une activité de bord de mer, tout en préservant la biodiversité du littoral ? Le Breton Nicolas Daviau a lancé un site qui renseigne sur les espèces susceptibles (oiseaux, phoques) d’être rencontrées.

Nicolas Daviau, chargé de mission Natura 2000, répertorie les animaux se trouvant sur la côte mais aussi dans l’eau à proximité. Il renseigne ensuite le site C-monspot, que les sportifs sont invités à consulter pour adopter les bonnes pratiques.
Nicolas Daviau, chargé de mission Natura 2000, répertorie les animaux se trouvant sur la côte mais aussi dans l’eau à proximité. Il renseigne ensuite le site C-monspot, que les sportifs sont invités à consulter pour adopter les bonnes pratiques. (Photo Chloé Sartena/Ouest-France)

« Un oiseau dérangé plusieurs fois par jour consomme une grande quantité d’énergie qu’il aura en moins pour sa migration ou sa reproduction. » C’est en 2011 que Nicolas Daviau a commencé à s’intéresser aux sportifs. Chargé de mission Natura 2000, il intervient sur la baie de Goulven (29), une zone reconnue pour la pratique du kitesurf, du char à voile, ou encore de la randonnée, mais aussi un hot spot pour les oiseaux sauvages.

Il constate que les sportifs se renseignent en ligne sur les notions de sécurité ou d’équipement… « Par contre, il n’y avait aucune info environnementale proposée. Par exemple : rien sur le type d’oiseaux que l’on peut y croiser, rien sur leurs habitats ! Je me suis dit que nous devions nous impliquer, en tant que gestionnaires représentants de ces espaces. Pour mieux faire comprendre aux sportifs qu’un site naturel (plage, côte) est aussi un milieu vivant. »

Des colonies de phoques sont présentes sur les côtes bretonnes et normandes. S’ils sont d’un naturel très curieux, les phoques, faciles à observer (notamment pour les sportifs pratiquant le kayak de mer ou le paddle), sont sensibles au dérangement.
Des colonies de phoques sont présentes sur les côtes bretonnes et normandes. S’ils sont d’un naturel très curieux, les phoques, faciles à observer (notamment pour les sportifs pratiquant le kayak de mer ou le paddle), sont sensibles au dérangement. (Photo Chloé Sartena/Ouest-France)

« La nature bouge »

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Nicolas Daviau fait alors la rencontre de Nicolas Le Corre, enseignant-chercheur à l’Institut universitaire européen de la mer (IUEM), qui mène une thèse sur les modes de gestion permettant une cohabitation harmonieuse entre les publics fréquentant les aires naturelles protégées. À leurs yeux, la création d’un outil numérique permettant de sensibiliser les pratiquants de sports de nature à la biodiversité du littoral est essentielle. « Comme la nature bouge, un oiseau peut nicher sur une île, et l’année suivante, sur la plage d’à côté. Il faut des informations actualisées », rappelle le chargé de mission.

Rapidement, une convention est signée avec l’Office français de la biodiversité (OFB). Gestionnaires d’espaces naturels de Bretagne, représentants d’associations naturelles, communautés de communes et l’École nationale de voile et des sports nautiques peuvent alors se coordonner. Le site c-monspot.fr voit officiellement le jour en 2016. Dans un premier temps, un panel d’une vingtaine d’espèces principales nichant sur divers périmètres de sensibilité (falaises, plages, ou îlots) est dressé. Puis, sont listées les zones de reposoir des phoques, et les oiseaux présents en période hivernale.

Au printemps, les gravelots (ici dans les dunes et étangs de Trévignon, Finistère-Sud), les huîtriers-pie, les sternes nichent à même le sol, sur des plages ou sur des îlots peu végétalisés.
Au printemps, les gravelots (ici dans les dunes et étangs de Trévignon, Finistère-Sud), les huîtriers-pie, les sternes nichent à même le sol, sur des plages ou sur des îlots peu végétalisés.

Cartographie selon les saisons

« Le site propose une cartographie interactive des espèces présentes sur les sites, selon les saisons. Des fiches détaillées permettent de mieux les reconnaître, et de découvrir leur mode de vie, leur niveau de vulnérabilité… Des recommandations de bonnes pratiques sont aussi faites pour éviter le dérangement, selon les sports pratiqués », résume Stéphanie Tachoires, coordinatrice mer à l’Office français de la biodiversité, fière de constater que la fréquentation du site internet est en hausse depuis son lancement.

Grâce à un travail mené sur les forums, C-monspot a comptabilisé plus de 48 000 connexions, générées par plus de 38 000 utilisateurs individuels, entre 2016 et 2023. « En moyenne, 1 800 visites mensuelles sont comptabilisées. »

Détail important : le site web est actualisé chaque année grâce aux suivis scientifiques réalisés par les différents gestionnaires d’espaces naturels et les associations. « Je trouve ça top de pouvoir mieux connaître les espèces de mon lieu de pratique, mieux comprendre ce que je dois faire pour les préserver », témoigne Alexandre Desparmet, jeune adepte de randonnée pédestre en Finistère Sud.

L’année dernière, à la demande des sportifs, C-monspot s’est même élargi aux régions Normandie et Pays-de-la-Loire. Aujourd’hui, même des administrations étatiques, à l’instar de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), l’utilisent comme site ressources, tout comme les enseignants de l’École nationale de voile et des sports nautiques, dans le cadre de la formation des futurs encadrants. Une preuve supplémentaire de son utilité. À quand d’autres régions ?

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