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30 janvier 2022

« Le sport est un catalyseur social, transversal, à utiliser d’urgence pour les quartiers »

Publié le 01/02/2022 • Par Véronique Vigne-Lepage  sur La gazette des communes

 

A l’occasion du conseil interministériel des villes le 29 janvier à Grenoble, Karl Olive, maire de Poissy, a été invité par Jean Castex à présenter les principales conclusions de la mission flash sur l’insertion par le sport que lui a confié le gouvernement en octobre. Il détaille ici ce qu’il a proposé ce jour-là au Premier ministre et ce qui sera dans le rapport, dont la présentation officielle est prévue courant février.

 

Le 29 janvier, le Premier ministre a annoncé qu’il retient plusieurs de vos propositions pour l’insertion par le sport… avant même la remise officielle de votre rapport. D’autres acteurs, comme France urbaine ou les élus initiateurs du Conseil national des solutions par le sport, n’avaient-ils pas déjà fait des propositions sur le sujet ?

Je suis en effet en train d’achever ce rapport et la bonne nouvelle est que le Premier ministre a dit, à l’issue du conseil interministériel des villes, qu’il souhaitait lui donner une audience par une remise à Matignon. Cela aura lieu dans les prochains jours.
Il est en cours de finalisation car dans un temps ultra serré, j’ai mis en œuvre une méthode de terrain : l’essence des solutions se trouve là. J’ai organisé 101 réunions publiques et conduit 120 auditions auprès de présidents d’associations sportives locales, de bailleurs, de proviseurs, de maires, de préfets délégués à l’égalité des chances, d’entreprises, etc. J’ai consulté aussi plusieurs ministères, les 108 fédérations… Et bien sûr, les élus de France urbaine et autres associations.
Certaines personnes effectivement, se sont questionnées sur l’intérêt de ce qu’elles voyaient comme un énième rapport. La vérité est qu’à peine mes préconisations présentées, trois sont déjà retenues. Depuis la pandémie, il y a urgence : nos jeunes disent avoir pris de 5 à 10 kg en moyenne, on constate une perte de capacités cognitives et une montée inquiétante des gestes suicidaires ou idées délirantes. Or le sport est un catalyseur social, transversal, et sauve des vies.

Quelles sont ces trois mesures retenues ?

Il y a d’abord la création de tiers-lieux sportifs, dans le cadre de partenariat entre les Villes et les bailleurs sociaux. Il s’agit de demander à ces derniers la mise à disposition d’espaces commerciaux ou logements qu’ils n’utilisent pas et qui pourraient l’être dans le cadre du plan de 5000 équipements sportifs. Des lieux proposant du sport, de la street dance, de l’aide aux devoirs… peuvent être formidables pour les gamins qui n’ont pas repris le chemin des clubs. Mais il faut absolument qu’ils soient encadrés, pour éviter l’entrisme ou le communautarisme. Cet encadrement peut être assuré par des jeunes en contrats adultes-relais, service civique ou CDD, qui soient formés aux aspects santé, handicap, lutte contre l’homophobie, etc.

La seconde préconisation retenue est celle de créer des contrats locaux du sport, à l’image de ceux qui existent en matière de santé. Chacun réunira la Ville, les clubs et l’Education nationale, car quand le sport est dans l’école, il y a plus de réussite, plus de discipline… Ils pourront être adossés aux Cités éducatives et on peut imaginer que celles-ci deviennent des Cités éducatives et du sport, et ainsi des Cités olympiques.

La troisième proposition que retient le Premier ministre est celle de travaux d’intérêt général (TIG) dans les clubs. Pour cette réponse judiciaire à une faute relevant de la délinquance mineure, les jeunes en cause, encadrés par un éducateur sportif, peuvent participer à préparer des séances, par exemple. C’est en place en Pays de Loire et d’autres dirigeants d’associations me disent être partants. Mais il faut un contrat gagnant-gagnant, avec une gratification du tuteur. Celle-ci ne serait pas forcément financière, mais pourrait être, par exemple, une priorité pour être volontaire sur un grand événement sportif.

Parmi les 21 autres propositions que contient votre rapport, lesquelles vous paraissent les plus urgentes et importantes à mettre en œuvre ?

Toutes sont dignes de sens. En revanche, certains sont faciles à concrétiser rapidement, comme la généralisation de l’ouverture des gymnases des établissements scolaires les soirs et les week-ends, toujours avec ce « triangle d’or » qu’est le partenariat Ville-Education nationale-clubs. Si c’est en train d’être acté, tant mieux (1). Mais aussi le développement de maisons sport-santé en pied d’immeubles – pour occuper l’espace au profit des habitants et au détriment des deals, ou encore la systématisation de la signature d’une charte de la laïcité et du contrat d’engagement républicain : alors qu’à Poissy une non-signature entraîne jusqu’à un refus de toute location de salle, j’ai constaté que ces outils sont très inégalement appliqués ailleurs.

Avez-vous étudié, avec d’autres acteurs, la proposition de consacrer 1% du budget des JOP de Paris 2024 aux quartiers prioritaires de la politique de la ville ?

Je n’ai pas mis cette proposition dans mon rapport, parce qu’il existe déjà la fondation Impact 2024, qui permet à tout un chacun de répondre à des appels à projet. L’initiative doit venir du terrain et la question n’est pas financière. Ce qu’il faut c’est plutôt que chacun cesse de jouer dans son couloir. C’est pourquoi je propose la création d’un guichet unique des dispositifs. L’Agence nationale du sport pourrait tout à fait le porter.

Les 24 préconisations du rapport de Karl Olive, qui s’intitulera « Faire nation par le sport » :

1- Créer un guichet unique des aides pour un “0 reste à charge” des licences clubs
2- Créer une application numérique France Sports
3- Généraliser l’école d’initiation aux sports pilotée par la collectivité
4- Créer des tiers-lieux sportifs et dojos solidaires
5- Généraliser les ouvertures des équipements sportifs scolaires
6- Créer des maisons Sport-Santé en QPV en déclinaison du Contrat Local de Santé Ville
7- Intégrer un parcours santé dans chaque nouvelle rénovation sociale
8- Créer un guichet unique pour accompagner le financement des 5.000 équipements sportifs
9- Faire évoluer les Cités éducatives vers des Cités Educatives Olympiques à la veille des JO
10- Instaurer un Référent Sport-Handicap dans les Départements
11- Former les AESH à la pratique du sport
12- Faire encadrer les équipements de proximité par des médiateurs sportifs
13- Pérenniser le dispositif des coachs d’insertion par le sport
14- Récompenser l’engagement bénévole avec un avantage fiscal ou des points de retraite
15- Création d’un fonds de dotation “Sport dans les Quartiers” ouvert aux entreprises
16- Instaurer des TIG Sport dans les clubs
17- Soumettre toute subvention publique et toute location de salle à la signature d’une charte de la laïcité et du Contrat d’Engagement Républicain
18- Nommer un référent sport-quartier dans les commissariats de police
19- Créer des Conseils de dialogue local (ou agoras) autour du sport dans les quartiers
20- Appliquer les Contrats d’Objectif et de Moyens (COM) aux associations dès 10 000 € de subventions (contre 23 000 € aujourd’hui), afin de garantir l’usage et la traçabilité des deniers publics.
21- Faire parrainer chaque QPV par un sportif de renommée internationale y ayant grandi
22- Proposer un parcours de formation gratuit aux volontaires des grands événements
23- Mettre en place des budgets participatifs pour les projets sports dans les quartiers
24- Établir une feuille de route interministérielle sportive lisible

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