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5 décembre 2024

Recherche gymnase chauffé désespérément

Depuis deux ans, la crise énergétique a entraîné une baisse des températures dans les gymnases. Pour maintenir des activités physiques et sportives de qualité, le Snep-FSU dévoile son « kit d’hiver ». De leur côté, les collectivités se blottissent derrière une réglementation qui ne fixe aucune température minimale.

L’affaire avait fait grand bruit l’hiver dernier : à Fougères (Ille-et-Vilaine), en raison de l’impossibilité de chauffer correctement un gymnase utilisé par le collège voisin, la mairie avait purement et simplement décidé de couper le chauffage. Une situation loin d’être isolée. Lors de l’hiver 2022/2023, la ville de Valenciennes (Nord) avait demandé aux utilisateurs de ses gymnases s’ils préféraient un équipement froid plutôt que… fermé. Les usagers avaient alors choisi de se réchauffer en pratiquant leur sport favori dans des gymnases où la température oscillait entre 6 et 11 degrés.

Qu’en est-il en cette fin novembre 2024, alors que le mercure descend partout en France ? Le conseil départemental de la Gironde vient d’annoncer aux principaux de ses collèges que la température des gymnases ne dépasserait pas les 10 degrés pour les activités dites « dynamiques » telles que le basket-ball, le volley-ball ou le handball. Pour les autres activités, « il y aura une possibilité d’ajustements au cas par cas », précise le département, joint par Localtis. À Sarcelles (Val-d’Oise), les collégiens pratiquent dans des salles chauffées – si l’on peut dire – à 8 degrés.

Un plan de sobriété qui porte ses fruits

Face à cette situation, le Snep-FSU, syndicat des enseignants d’éducation physique et sportive (EPS) du second degré, sort sa doudoune… ou plutôt un « kit d’hiver 2024/2025(Lien sortant, nouvelle fenêtre)« . Son but ? « Obtenir des solutions allant dans l’intérêt des jeunes et de la qualité de l’EPS. » Mais sur quelle base s’appuyer pour demander que les collectivités chauffent plus leurs salles de sport ?

Le kit rappelle que la cellule Bâti scolaire du ministère de l’Éducation nationale a élaboré une « fiche espace(Lien sortant, nouvelle fenêtre) » consacrée aux salles d’activités physiques et sportives. Sur la question thermique, on peut y lire : « La température de confort d’hiver peut être abaissée à 16°C. » Problème : cette préconisation date d’avril 2022. Or, depuis cette date, la crise énergétique a pointé le bout de son nez rougi par le froid et les acteurs du sport, à travers leur plan de sobriété énergétique d’octobre 2022, se sont engagés à réduire la température de chauffage d’au moins 2 degrés dans les gymnases pour la ramener à 14 degrés. Résultat : un an plus tard, 88% des acteurs – essentiellement les collectivités locales, propriétaires de 85% des équipements – avaient réduit la température de chauffage de leurs gymnases. Ce faisant, les collectivités ne se contentaient pas d’agir pour la sobriété énergétique… elles se mettaient tout bonnement en conformité avec la réglementation.

Premier choc pétrolier

Car en matière de chauffage des gymnases, il existe une règle écrite et une seule. Un arrêté(Lien sortant, nouvelle fenêtre) de 1977 fixe une limite de température de chauffage des locaux où s’exercent des activités sportives. Mais attention, cette limite ne concerne pas un seuil minimum, mais une limite supérieure à ne pas dépasser !L’arrêté a en effet été pris en application d’un décret(Lien sortant, nouvelle fenêtre) de 1974 qui, faisant suite au premier choc pétrolier, instaurait les premières mesures en faveur des économies d’énergie dans les bâtiments publics.

En matière de sport, l’arrêté de 1977 dispose que les locaux où s’exerce de la gymnastique corrective ne peuvent dépasser 18 degrés, ceux où l’on pratique la gymnastique au sol doivent se limiter à 15 degrés, et les autres locaux d’activités sportives – à l’exception des piscines et patinoires qui ont leurs propres règles – ne peuvent être chauffés à plus de 14 degrés. Le texte va plus loin en précisant que durant les périodes d’inoccupation ou de non-activité égales ou supérieure à quarante-huit heures, la température maximum de chauffage des locaux est de 8 degrés. Une disposition qui vise les gymnases inutilisés les samedis et dimanches…

D’après l’arrêté de 1977, les collectivités ne sont donc pas tenues de respecter une température minimale de chauffage de leurs gymnases mais doivent, au contraire, la limiter. Et cela n’arrange guère les affaires des enseignants d’EPS. « Concrètement, sur le terrain, nous adaptons nos pratiques pour assurer la sécurité de nos élèves, confie Sylvain Quirion, responsable national du Snep-FSU chargé des équipements. Mais nous avons un programme à respecter et nous devons offrir des conditions d’enseignement correctes. »

Une « pression » par paliers

C’est pourquoi le syndicat estime qu' »en tout état de cause, c’est l’enseignant responsable de ses élèves qui détermine si les conditions climatiques, de températures, sont de nature à présenter des risques pour la santé ou l’intégrité physique des élèves ». Une responsabilité qui peut aller jusqu’à « constater l’impossibilité d’enseigner dans de telles conditions ». Pour éviter d’en arriver là, le Snep-FSU a imaginé de « faire pression » par paliers successifs.

Dans son kit, un modèle de courrier au propriétaire de l’équipement rappelle à celui-ci que si l’enseignant comprend la « contrainte budgétaire » qui pèse sur la collectivité, « il est essentiel de rappeler qu’en deçà dun certain seuil de température, la pratique sportive des scolaires devient non seulement difficile, mais également dangereuse ». Ce courrier peut être associé à une proposition de vœu au conseil d’administration de l’établissement pour signifier à ses membres que « sobriété ne doit par rimer avec austérité éducative ». Si ces démarches n’aboutissent pas, l’équipe enseignante peut alors avertir les parents d’élèves… qui sont aussi des électeurs. Enfin, la dernière cartouche consiste se tourner vers la presse en prenant bien soin de préciser que des « solutions […] auraient dû être mises en place depuis des années mais que les décideurs refusent ». Autant d’arguments qui devraient faire monter la température autour de la question des gymnases !

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