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Santé, handicap, hygiène et traumatisme

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12 novembre 2025

Pourquoi la pratique d’une activité sportive est fondamentale à la santé des jeunes

Pourquoi la pratique d’une activité sportive est fondamentale à la santé des jeunes

Au-delà de la santé physique, le sport permet aux plus jeunes de trouver un terrain de socialisation.
Au-delà de la santé physique, le sport permet aux plus jeunes de trouver un terrain de socialisation. Paul Delort / Le Figaro Magazine

DÉCRYPTAGE – Dans une société en proie à la sédentarité, la pratique sportive apparaît comme une nécessité. Le message vaut dès le plus jeune âge, car c’est jusqu’à l’âge adulte que l’être humain constitue son capital musculaire et osseux.

«L’être humain est fondamentalement fait pour bouger. À la fin du paléolithique, nos ancêtres parcouraient chaque jour entre 28 et 47 kilomètres. Or, nous avons aujourd’hui un profil d’enfants qui associe inactivité et position assise  plus élevées que jamais constaté dans l’Histoire. » Le constat dressé par la Pr Martine Duclos, chef du service de médecine du sport et des explorations fonctionnelles au CHU de Clermont-Ferrand, est imparable. Absorbés par nos écrans, ancrés dans une société de services portée par des escalators, nous ne bougeons pas assez.

Et les premières victimes de cette absence de mouvement ne sont autres que les enfants et les adolescents, guère aidés par leur emploi du temps scolaire. « De quatre heures par semaine en sixième, le nombre d’heures de cours d’EPS passe à trois à partir de la cinquième et puis a seulement deux dès la seconde », relève le think tank Vers le haut, spécialisé dans les études éducatives, qui qualifie de « rendez-vous manqué » le rapport entre le sport et l’école.

Un paradoxe alors que l’Éducation nationale elle-même considère dans ses textes que les cours d’EPS doivent permettre à l’élève – au-delà de développer sa motricité et d’analyser son environnement – « d’exercer sa responsabilité individuelle et au sein d’un collectif » ainsi que de « construire durablement sa santé »… Cherchez l’erreur ! « Nous allons avoir une génération de jeunes adultes avec une santé cardiométabolique qui n’est pas très bonne. C’est une génération qui développera des infarctus et des diabètes de type 2 plus précocement », prévient la Pr Duclos.

Au-delà de la santé physique, le sport permet aux plus jeunes de trouver un terrain de socialisation. Mieux-être, meilleur sommeil, meilleure confiance en soi, sa pratique régulière constitue également une excellente prévention du déficit de l’attention. S’il ne s’agit pas d’une panacée, il peut, à bon escient, constituer la part importante d’un traitement global et non médicamenteux.

«Plus vite, plus haut, plus fort»

Gare cependant. « Le sport en lui-même n’est pas éducatif. C’est l’éducateur qui lui fait revêtir cette qualité », souligne le sociologue du sport Gilles Vieille-Marchiset, enseignant-chercheur à l’université de Strasbourg et longtemps directeur du laboratoire de recherche Sport et sciences sociales. Élément constitutif d’un équilibre, le sport n’a pas toujours fait l’objet du même consensus au sein de la communauté scientifique.

Si le mot « sport » lui-même, emprunté à la langue anglaise, apparaît en France dans le premier quart du XIXe siècle, il n’est reconnu par le Dictionnaire de l’Académie française qu’en 1878. « À la même époque, en France, on parle de gymnastique. Un exercice où l’effort individuel s’efface au bénéfice du collectif, alors que la notion de sport telle qu’imaginée en Angleterre sous-entend d’abord un effort personnel dans un esprit très libéral de dépassement des limites », rembobine Raphaël Verchère, professeur agrégé de philosophie et auteur de plusieurs ouvrages sur le sport *.

C’est seulement à partir de la fin de la Seconde Guerre Mondiale que la médecine se demande, en France, comment elle peut devenir un allié du sport

Raphaël Verchère, professeur agrégé de philosophie

En clair, les Anglais inspirent à Pierre de Coubertin la devise olympique « Plus vite, plus haut, plus fort », conférant au sport des vertus sur le corps permettant de former une élite. « L’inventeur de l’olympisme moderne va même jusqu’à affirmer que le sport est la pierre angulaire de l’Empire colonial britannique en prenant l’exemple du rugby (aussi appelé football à l’époque, NDLR), sport de conquête par excellence »,souligne le philosophe. Or, au même moment, dans l’Hexagone, on cultive davantage une pratique mue par une forme d’accomplissement de soi, sans chercher à malmener sa nature. « C’est seulement à partir de la fin de la Seconde Guerre Mondiale que la médecine se demande, en France, comment elle peut devenir un allié du sport », soutient Raphaël Verchère.

Matière grise

De fait, l’apport de la réalisation de certains actes physiques est totalement mésestimé par une grande partie de la population. « Les profs d’EPS sont effarés car les enfants ne savent plus faire de roulade, ils ont peur et ne sont pas coordonnés. Certes, si vous me demandiez d’en réaliser une aujourd’hui, je ne serais pas certaine de réussir. Cependant, réaliser une roulade est bien plus important qu’il n’y paraît pour un enfant, car ce geste implique un dépassement de son appréhension, mais aussi une coordination de ses mouvements. Faire une roulade, c’est apprendre à tomber et à se relever. C’est un tout qui demande un important travail dont l’intérêt cérébral  dépasse la finalité du geste », note la Pr Martine Duclos, qui illustre : « Un revers maîtrisé au tennis, une passe dans les pieds d’un coéquipier en train de courir à 15 mètres de soi au football, c’est de la vision, de l’écoute, une juste appréhension de son environnement sous pression d’un adversaire, voire du public. Pendant un exercice sportif, le cerveau travaille énormément. Des IRM montrent que vingt à trente minutes après la fin d’une course à pied, le cerveau est vascularisé comme pendant l’effort, ce qui signifie que matière blanche et matière grise sont stimulées par le sport au-delà même de l’exercice. »

Ainsi, pratiquer un exercice physique avant un rendez-vous – ou un examen – permettrait une meilleure appréhension de cette échéance… à condition toutefois de respecter certains équilibres, car un trop-plein d’activité physique à très haute intensité associé à une alimentation inadaptée n’aura aucun effet bénéfique. « Le risque principal, c’est le REDs syndrome, appelé en français déficit énergétique relatif au sport », souligne la médecin. Ce phénomène se développe dès lors qu’une dépense physique n’est pas compensée par un apport nutritif suffisant. Chez les jeunes, il multiplie notamment les risques d’ostéopénie ou d’ostéoporose, ainsi que le ralentissement de la courbe de croissance. Il concerne toutefois uniquement les sportifs s’astreignant à une pratique intensive. Une catégorie de population relativement restreinte alors que, selon Santé publique France, seuls 33 % des filles et 51 % des garçons de 6 a 17 ans atteignent les recommandations en termes d’activité physique.

* Sport et mérite, histoire d’un mythe. Philosophie politique du corps en démocratie, Les Éditions du Volcan, 28,90 €.

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