Publié le 22/04/2022 sur ladepeche.fr

En Haute-Garonne, dans le football amateur, les violences s’accentuent. Il n’est pas rare d’entendre des insultes sur les jeunes arbitres ou les éducateurs. Pour faire face à cette hausse des incivilités, le district de football de Haute-Garonne, lance une campagne et un spot préventif : « Touche pas à mon foot ».  Marco Sentein, Président du district de Haute-Garonne, explique les futures actions de sensibilisation. 

Le district de Haute-Garonne réalise un spot et une campagne contre les violences autour des terrains. Pourquoi produire cette vidéo ?

L’objectif est double. C’est le début d’une campagne que l’on souhaite lancer dans le district de Haute-Garonne. On travaille sur un scénario avec des acteurs qui sont les enfants, notamment le groupe animation des 5-12 ans. Depuis quelques années, quand ils font des matchs ou des plateaux, on s’est aperçu que les parents, surtout, ont des comportements violents. Je parle de certains plateaux ou il n’y a aucun enjeu sportif. On peut avoir des éducateurs agréés physiquement par des parents parce que leurs fils ou filles n’ont pas joué tout le match.

Quelles sont les principales victimes de cette violence en dehors des terrains ?

Les principales victimes sont les jeunes joueurs et les jeunes arbitres. Ce sont eux qui subissent les dégâts de cet environnement qui au fil des années devient de plus en plus insupportable. Sur le terrain, ça se passe de manière très correcte. Mais autour, on a un phénomène de violence qui s’intensifie.

Y a-t-il des raisons de l’augmentation des incivilités ?

Je pense qu’il y a plusieurs facteurs. On dit souvent que le football à cette chance et richesse d’accueillir tous les enfants des milieux sociaux. C’est le reflet de la société. Le football est très populaire. La sortie du covid a amplifié certains repères. Le niveau d’éducation est parfois délaissé. La deuxième raison, c’est ce que font miroiter certains médias sportifs autour des salaires, de la popularité et des réussites sportives de certains footballeurs. Certains pensent qu’ils vont faire le maximum pour que leurs fils deviennent le futur Neymar ou Mbappé. Ils changent de club, hurlent au bord du terrain ou sur les arbitres. En cas de défaites, certains parents vont ruminer pendant des semaines. Il y a parfois une accumulation de haine envers les éducateurs, les adversaires ou les partenaires.

Quels sont les types de violences que l’on voit sur un terrain ?

Les violences verbales par exemple. On peut entendre des insultes envers un jeune arbitre ou vis-à-vis des adversaires. On entend des “attrapez-le” ou “cassez-le”. Ce sont des termes violents alors qu’ils ont 8 ou 9 ans. Les parents souhaitent que leurs fils réussissent dans un milieu où il y a des millions d’euros en jeu… Certaines fois, on voit d’autres incivilités. On a eu le cas, il y a deux saisons, d’un éducateur qui avait été agressé parce qu’un jeune joueur n’avait pas joué assez longtemps.

Ce n’est pas un peu le reflet du football professionnel ? On compte beaucoup d’insultes, de remarques homophobes ou racistes dans les tribunes…

Oui, on l’a vu en début d’année sportive, dans les tribunes avec des matchs professionnels. Il y a eu de nombreuses violences avec des matchs arrêtés. Quand le foot est exemplaire, c’est une richesse. Quand ils gagnent, c’est fantastique. Mais malheureusement quand il y a des faits honteux, c’est aussi dramatique sur les terrains amateurs.

Dans certains sports, il y a une vraie discipline en dehors des terrains. Pourquoi le football n’arrive pas à imposer des règles ?

Il y a deux facteurs. Le football, je l’ai dit au début, a cette chance de pouvoir accueillir tous les milieux sociaux. C’est un sport accessible. C’est aussi très médiatisé. L’athlétisme ou le tennis par exemple, l’est un peu moins. Les parents se projettent vers une certaine gloire ou richesse et en oublient complètement les valeurs du partage et du collectif.

Comment changer ces mentalités ?

De notre côté, on va mettre en place une sorte de petit cahier des charges pour les enfants. Il faut le faire dès le plus jeune âge. Je dis souvent que dans le football, ce sont les enfants qui éduquent les parents. L’éducation passe mieux de leurs côtés.