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7 septembre 2022

Pénurie de maitres-nageurs : « je n’ai reçu aucune candidature pour un contrat de six mois »

Publié le 31/08/2022 • Par Florence Roux • dans : A la Une acteurs du sport, A la une emploi, Actu Emploi, Actu expert acteurs du sport, France, Toute l’actu RH

Comment s’est passé l’été dans les piscines, sur fond de tension annoncée dans le recrutement des moniteur nageur sauveteur (MNS) ? Nicolas Foll, directeur du pôle sports loisirs et de l’Aquatis de Fougères (55 400 habitants), en Bretagne, également secrétaire de l’association nationale des directeurs et des intervenants d’installations et des services des sports (Andiss) de cette région, témoigne de ses propres difficultés à recruter et de la nécessité de s’adapter, en en analysant les raisons.

Comment s’est passé la saison alors qu’avant l’été, de nombreux responsables d’équipement aquatiques témoignaient de leur difficulté à recruter des MNS ?

Cet été, je n’ai pas pu remplacer l’une des MNS du centre en congé maternité. Nous nous sommes adaptés pour faire tourner le centre de sept bassins. Mes collègues ont accepté de fractionner leurs vacances afin de maintenir la présence d’au moins quatre MNS en semaine, deux le week-end, sur dix permanents, avec quatorze titulaires du brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique (BNSSA), pour 230 000 entrées payantes par an. Nous avons aussi fermé le soir à 19 heures, au lieu de 20 heures auparavant et nous avons limité le nombre de stages. Nous nous sommes adaptés pour tourner.

Je n’ai pas connaissance de fermeture de piscine pour cette raison. Je crois que mes confrères ont eux aussi tenu, en s’appuyant sur les BNSSA, en réduisant les amplitudes horaires et les activités…

Comment s’annonce la rentrée ?

Nous avons à nouveau une monitrice qui part en congé maternité. Et, encore une fois, malgré une annonce publiée depuis un mois et demi, je n’ai reçu aucune candidature pour un contrat de six mois. Notre recrutement de septembre semble compromis. Et nous devons nous adapter. Mais je ne veux supprimer aucun cours. Pour l’instant, j’ai réorganisé les plannings, scindé la partie surveillance et les cours. Je donne toutes les surveillances à des BNSSA, que j’ai plus formés pour qu’ils deviennent plus autonomes. C’est indispensable. Et les collègues MNS se recentrent sur les activités d’encadrement avec, ponctuellement, des heures supplémentaires. Ils ont bien compris qu’on est en difficulté. Et, je relève les annonces de mes confrères pour l’Andiss chaque semaine, je vois bien nous sommes nombreux à avoir du mal à recruter.

 

Combien de MNS manque-t-il ? Et comment expliquez-vous ces difficultés ?

Le sujet est complexe et je ne me risquerais pas à chiffrer ce manque. Il est facilement surestimé. Historiquement, nous étions depuis longtemps sur une tension au recrutement à la veille de l’été. Et cette pénurie saisonnière s’est accentuée ces dernières années sous l’influence de plusieurs facteurs. D’abord, l’offre s’est considérablement ouverte avec notamment, la montée en gamme de l’hôtellerie de plein air. Certains campings créent de véritables parcs aquatiques avec une surveillance de la baignade, mais aussi des propositions de cours de natation le matin, d’aquagym l’après midi… Ils recrutent donc des surveillants BNSSA, mais aussi des MNS. Les besoins ont aussi augmenté en même temps que la taille des projets de centres aquatiques publics, qui multiplient le nombre de bassins.

En regard de cette croissance de l’offre, y a-t-il assez de personnes formées ?

Il me semble que la formation n’a pas suivi la croissance des besoins. Le nombre de professionnels formés a diminué. Ainsi, en 2021, seules 963 personnes ont été diplômées, malgré la diversification des opérateurs. Depuis six ou sept ans, n’importe quel organisme de formation, et plus seulement les Creps, peut être labellisé pour accueillir des stagiaires. Or cette multiplication des acteurs a diminué le nombre de candidats par cours, la pertinence financière d’en organiser et donc, limité le nombre de formation. En Bretagne, habituellement, on formait 90 à 100 stagiaires par an. Et là, on est tombé à 60. On a perdu 30 MNS sur les deux dernières années.

Le métier ne souffre-t-il aussi pas d’un problème d’attractivité ?

Oui, là encore, à différents niveaux. L’emplacement géographique joue énormément dans l’attrait d’une piscine. Un établissement en milieu rural n’aura pas le même succès qu’un centre urbain ou de bord de mer. De plus, le covid a accéléré un changement dans le rapport au travail. Aujourd’hui, quand je recrute des jeunes professionnels, même quand tout se passe bien de part et d’autre, ils peuvent à tout moment vouloir changer de destination géographique, voire de métier.

Et, bien sûr, la faiblesse des rémunérations reste le frein principal en terme d’attractivité, mais aussi de fidélisation des professionnels, comme l’a mis en avant en début d’année par l’enquête sur le recensement des besoins en surveillance des piscines (1). Quand on annonce 1200 euros net pour travailler dans une piscine, cela n’incite pas le recrutement… Sans compter les amplitudes horaires. A l’Aquatis, nos éducateurs sportifs quitte la piscine à 20 heures. Les activités du soir sont prises en charge par les associations.

L’autorisation de donner des cours peut-elle devenir un facteur d’attractivité  ?

Si 80% des maîtres nageurs dans les années 1980 en donnaient, cette proportion avait eu tendance à baisser, notamment dans les grands centres aquatiques qui intégraient ces heures dans les temps de travail. Mais j’ai été surpris de constater dans la même enquête que 52% des moniteurs donnaient des cours. Et, effectivement, cela peut participer à l’attractivité de certains postes pour des collectivités. J’étais plutôt opposé à cela compte tenu des dérives de ce système dans les années 1990, mais je crois qu’il faut se poser la question, en définissant bien les règles. Je retrouve d’ailleurs cette possibilité dans les annonces, après le salaire – parfois élevé, les primes, les horaires… Sinon les candidats ne regardent même pas les offres.


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