Politique publique sportive
Fédérations sportives et collectivités territoriales : deux mondes à rapprocher
Au détour d’un document qui ne les concernait pas de prime abord, les collectivités territoriales vont en apprendre beaucoup sur la façon dont les fédérations sportives les voient. Dans une étude réalisée par Olbia conseil et le Centre de droit et d’économie du sport (CDES) de Limoges, et intitulée « Etat des lieux des fédérations françaises sportives et membres associés du CNOSF » , le Comité national olympique et sportif français a voulu en savoir plus sur le mode de fonctionnement de ses membres. Si le but était avant tout « de collecter des éléments sur des champs relatifs aux plans de développement [des fédérations] », la question des rapports entre fédérations et collectivités territoriales s’est invitée dans le débat.
Parmi les principaux enseignements de l’étude, il faut retenir un « contexte de forte transformation pour les acteurs sportifs nationaux et locaux ». Cela se traduit tout d’abord par des variations en termes de licenciés ces cinq dernières années dans 92% des fédérations : à la hausse pour 59% d’entre elles, à la baisse pour 33%.
Nombre insuffisant d’équipements
C’est parmi les fédérations en perte de vitesse qu’apparaît le premier lien avec les collectivités territoriales. Si « la concurrence de l’offre commerciale » est, pour 57% d’entre elles, le premier facteur explicatif de cette diminution, le « nombre insuffisant d’équipements sportifs » est cité par 33% des fédérations et arrive en deuxième position.
Parmi les fédérations qui connaissent une augmentation de leurs licenciés, les principaux facteurs d’explication tiennent dans « l’adaptation de leur offre aux attentes des pratiquants » (74%) et « la capacité à attirer de nouveaux publics » (69%). Quant au « nombre suffisant d’équipements sportifs », il n’est cité qu’en dernière position (2% des réponses).
Une des thématiques centrales de l’étude du CNOSF reposait sur la mise en place de plans de développement par les fédérations. Il en résulte que 78% d’entre elles possèdent un plan fédéral de développement de l’offre de pratiques et d’activités, et que 11% sont en phase de réalisation.
Mais quand on leur demande comment elles ont bâti leur plan, seules 19% des fédérations mentionnent un partenariat avec des représentants de l’Etat ou des collectivités territoriales. Pour bâtir leur plan, elles ont surtout mis à contribution leurs structures déconcentrées (79%) et dans une moindre mesure leurs clubs (36%), tandis que 38% ont élaboré leur plan « uniquement au niveau de l’instance nationale ».
Désengagement financier, manque de dialogue
Le manque de soutien de la part des acteurs institutionnels (Etat, collectivités territoriales) est cité en deuxième position par les 69% de fédérations sportives qui constatent des freins dans la mise en oeuvre de leur plan de développement, alors que le manque d’équipements/sites/espaces de pratique revient chez 27% des répondants. Le frein le plus cité reste toutefois le manque de moyens humains ou matériels (77%).
Comment expliquer ce manque de moyens ? On pourrait chercher la réponse dans un nombre : les 91% de fédérations qui « considèrent que leurs clubs subissent un désengagement financier de la part des collectivités territoriales ». Ce qui peut se traduire tant par des baisses de subventions que par des difficultés concernant la mise à disposition d’équipements sportifs.
Toujours au chapitre des relations qu’entretiennent leurs clubs avec les collectivités territoriales, 37% des fédérations « identifient un manque de concertation et de dialogue entre les clubs et les collectivités », et 32% déplorent une « mise en concurrence avec d’autres acteurs associatifs ou commerciaux ».
Le sport-santé, unique trait d’union ?
Seules 7% des fédérations évoquent un « renforcement du soutien des clubs, [une] écoute attentive concernant leur projet » de la part des collectivités, et 6% estiment que ces dernières « accompagnement au changement et à l’adaptation de l’offre ».
A l’heure où se met en place une grande réforme de la gouvernance du sport, qui mettra sur un pied d’égalité l’Etat, les collectivités territoriales et le mouvement sportif au sein de l’Agence nationale du sport, on mesure le chemin à parcourir pour nouer un dialogue fructueux entre toutes les parties prenantes.
On trouvera un motif de rapprochement à travers une préoccupation commune de plus en plus prégnante en faveur du développement du sport-santé. Selon l’étude du CNOSF, cette thématique figure, pour 86% d’entre elles, comme la politique spécifique la plus développée parmi toutes les fédérations.
Jean Damien Lesay pour Localtis