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21 novembre 2022

Le bénévolat sportif à la recherche d’un second souffle

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Publié le 10/11/2022 • Par David Picot

L’écosystème sportif français repose sur 3,5 millions de bénévoles, dont le nombre est à la baisse, en raison de la crise sanitaire et de la diminution de l’engagement des seniors. Vieillissement, implication plus ponctuelle… l’essoufflement du bénévolat sportif constitue un défi de taille pour les collectivités et leur tissu associatif.

Il était prévu qu’elle rassemble 5 000 participants, entre Rezé et Nantes, en Loire-Atlantique, le 9 octobre. Faute de commissaires en nombre suffisant pour assurer les carrefours sur 15 kilomètres, la 41e édition des Foulées du tram a donc été tout bonnement annulée par une équipe organisatrice gagnée par la lassitude. Phénomène isolé ou véritable tendance ? A ce stade, une certitude, « la situation du bénévolat ­constitue la première source d’inquiétude des dirigeants associatifs », ­constate ­Jacques ­Malet, président de l’association Recherches et solidarités, qui, dans ses études dédiées au secteur associatif, évalue à 15 % la perte de bénévoles, tous domaines confondus, depuis 2019. Soit près de 2 millions de moins sur les 13 millions de forces vives !

Les jeunes plébiscitent les projets

Les seniors seraient particulièrement ­concernés. Dans le sport comme ailleurs, le taux d’engagement des 65 ans et plus ne cesse de diminuer, passant de 37 % en 2013 à 26 % en 2022, selon France Bénévolat. Les conséquences ? « Des difficultés qui commencent à se poser au niveau du bénévolat de gouvernance, c’est-à-dire des ­fonctions de président, trésorier, secrétaire… plus volontiers occupées par ces profils », relate ­Claire ­Thoury, présidente du Mouvement associatif, structure qui regroupe les têtes de réseau des associations.

Et si les jeunes s’engagent, « ils s’inscrivent plus facilement sur des projets spécifiques ». De façon plus ponctuelle, en somme. Sur ce fond de transformation de l’engagement, le secteur du sport, qui recenserait environ 3,5 millions de bénévoles, « résisterait plutôt bien par rapport à d’autres », remarque, presque à contre-courant, ­Jacques ­Malet. Il observe une relative dynamique du secteur : près de 10 000 associations sportives sont nées entre juillet 2019 et juin 2022, soit 16 % de toutes les créations recensées, juste derrière la culture (22 %).

Pour autant, « nous sommes inquiets puisque la tendance et le contexte de crise ne prêtent pas à l’opti­misme », ­concède Ali ­Rebouh, vice-président de la métropole de ­Nantes (24 communes, 665 300 hab.), chargé des sports. Kamel ­Chibli, son homologue au sein de la région ­Occitanie, ajoute : « Pour l’instant, ça passe. Aucun club n’a dû fermer ses portes par manque de ­bénévoles. Mais nous avons l’­impression d’avancer sur une ligne de crête. » Le phénomène n’est pourtant pas nouveau. « Depuis des années, les collectivités, qui soutiennent et accompagnent les clubs sportifs, sont le témoin de l’essoufflement des bénévoles, enchaîne Patrick Appéré, président de l’Association nationale des élus en charge des sports, l’Andes. Et la ­pandémie de ­Covid-19 n’a fait qu’accentuer cette situation. » Résultat, à la veille de grands évènements sportifs tels que la Coupe du monde de rugby l’an prochain, puis les Jeux olympiques de ­Paris en 2024, l’association en appelle à la ministre des sports, Amélie Oudéa-­Castéra. L’heure est venue, selon l’Andes, de « mener une réflexion sur l’engagement et la valorisation des bénévoles, avec tous les acteurs concernés ».

L’idée d’un statut juridique divise

Elle formule ainsi des propositions. La première : créer un véritable statut juridique du bénévole. Sur la table depuis des années, l’idée est toujours ­discutée entre ses promoteurs, qui mettent en avant une forme de ­sécurisation des parcours, et ses détracteurs, persuadés qu’un statut dénaturerait, voire institutionnaliserait, l’engagement. L’Andes propose aussi « d’ouvrir de façon plus importante des droits à des congés ou des crédits d’heures afin de favoriser l’activité associative pour les salariés actifs » et « d’attribuer des points de cotisation pour la retraite ».

Localement, les collectivités disposent également de plusieurs leviers d’action afin de relancer la dynamique. « A commencer par sensibiliser les clubs à l’importance d’un projet associatif digne de ce nom. Ce document, qui s’établit en associant dirigeants, bénévoles et pratiquants, est sous-exploité dans le domaine du sport », observe ­Jacques ­Malet. ­Kamel ­Chibli abonde : « Il permet à chaque bénévole d’y trouver une place ­concrète et définie, de quoi attirer les jeunes pour leur permettre aussi de valoriser ou transférer des compétences sur le marché du travail. » D’autant plus, ajoute ­Claire ­Thoury, « qu’ils sont demandeurs d’un engagement qui ­comporte du sens et ­constitue une source d’épanouissement ».

« Il faut avoir un discours fort sur l’utilité sociale d’une association et que cela soit retranscrit dans des conventions d’objectifs avec les collectivités. Voilà un excellent moyen de mettre en valeur ce que les gens peuvent vivre au sein des clubs. Au-delà de taper dans un volant… » appuie ­Yohan ­Penel, président de la Fédération française de badminton.­

Un rapprochement avec les pros

La mission de la collectivité est également de « chouchouter » ses bénévoles, selon le terme de ­Sébastien ­Allain, adjoint au maire chargé des sports à La Roche-sur-Yon et représentant de la commission « égalité et citoyenneté » de l’Andes. Comme beaucoup, il se mue régulièrement en animateur de soirée, « pour mettre à l’honneur ce dévouement ». ­Kamel ­Chibli imagine aussi que la collectivité puisse exercer le rôle de passerelle avec les sportifs professionnels. « Tous sont passés par le monde amateur, rappelle-t-il. Les bénévoles apprécient de bénéficier de moments avec eux, d’assister aux entraînements, entre autres. Ce rapprochement peut contribuer à relancer une ­motivation en berne. »

La récompense de l’engagement se voit, à Saint-­Pourçain-sur-Sioule (5 200 hab., Allier), à travers la subvention puisque la ville a mis au point un système qui incite à l’entraide entre associations. « Lorsqu’ils remplissent leur dossier de subvention annuelle, les dirigeants doivent spécifier et recenser le déploiement de leurs bénévoles au sein d’autres structures », indique ­Pierre ­Champagnac, du cabinet du maire. La commission chargée des subventions décide ensuite d’un tarif par demi-journée ou journée de mobilisation, puis, elle verse à l’association prêteuse un montant dédié, en plus de son ­enveloppe classique.

Selon ­Yohan ­Penel, l’aide des collectivités aux associations peut aussi être indirecte. Il prône « un choc de simplification » à appliquer au niveau local. Par exemple, « passer les dossiers de subvention en mode pluriannuel plutôt qu’annuel constituerait, pour les bénévoles, un gain de temps et de visibilité sur l’avenir », explique-t-il. Au-delà, le badiste compte sur la dynamique olympique. Paris 2024 prévoit en effet d’engager entre 35 000 et 40 000 bénévoles, appelés « volontaires ». Les fédérations ont d’ores et déjà été sollicitées afin de former un premier « pool ». Et, à ce stade, celle de badminton a reçu quatre fois plus de candidatures qu’elle n’a de besoins. De quoi envisager un héritage serein, en tout cas, pour ses grands évènements futurs. Loin des Foulées du tram…


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